Sonya la Rouge by Howard Robert Ervin

Sonya la Rouge by Howard Robert Ervin

Auteur:Howard, Robert Ervin
La langue: fra
Format: epub
Tags: Collection Fantastique / SF / Aventure n°144
Éditeur: Nouvelles éditions Oswald
Publié: 1984-02-15T00:00:00+00:00


4

Sur la route qui mène d’Édesse au sud vers Rakka, l’armée musulmane avait dressé son campement. Les alignements de ses tentes aux couleurs vives recouvraient la plaine. C’était une marche par petites étapes ; dans le sillage de l’armée venaient de lourds chariots, avec un équipement somptueux, transportant des maisonnées entières avec femmes et esclaves. Après deux années passées à Édesse, l’atabeg de Mossoul s’en retournait vers sa capitale en passant par Pakka. Des feux scintillaient parmi les ombres du crépuscule, tandis que les premières étoiles apparaissaient dans le ciel. Des luths jouaient des mélopées langoureuses ; des voix s’élevaient en des chants et des rires, autour des marmites remplies de nourriture en train de cuire.

Zenghi jouait aux échecs avec son ami et chroniqueur personnel, l’Arabe Ousama de Sheyzar.

L’eunuque Yaruktash se présenta à lui et, saluant humblement, annonça de sa voix aiguë :

— Lion de l’Islam, un émir des Infidèles sollicite une audience de ta part… Il s’agit du capitaine des Grecs, qui s’appelle Wulfgar fils d’Édric. Le chef Il-Ghazi et ses Mameluks l’ont rencontré alors qu’il voyageait seul. Ils s’apprêtaient à le tuer lorsqu’il a levé son bras. Et, passée à l’un de ses doigts, ils ont vu la bague que tu as donnée à l’empereur, pour servir de signe de reconnaissance à ses messagers.

Zenghi tira sur sa barbe noire striée de gris et eut un sourire satisfait.

— Qu’on l’amène devant moi.

L’esclave s’inclina et se retira.

Puis Zenghi dit à Ousama :

— Allah, ces Chrétiens sont des chiens galeux ! Ils sont prêts à trahir et à s’égorger entre eux, pour la promesse d’un peu d’or ou de terres !

— Est-ce bien sage de faire confiance à un tel homme ? s’enquit Ousama. S’il est prêt à trahir sa race, assurément il te trahira si cela est en son pouvoir.

— Que je mange du porc si je lui fais confiance ! rétorqua Zenghi en déplaçant une pièce sur l’échiquier avec l’un de ses doigts ornés de gemmes. De même que je déplace ce pion, je me servirai de l’empereur des Grecs, ce chien ! Avec son aide je briserai les rois d’Outremer comme des coquilles de noix. Je lui ai promis leurs ports de mer ; il tiendra ses promesses jusqu’à ce qu’il pense tenir entre ses mains ces prises tant convoitées. Ha ! Je lui donnerai non pas des villes, mais le tranchant de mon épée. Ce que nous prendrons ensemble m’appartiendra, et cela ne sera pas assez. Par Allah, la Mésopotamie, la Syrie, ni même toute l’Asie Mineure ne me suffiront ! Je franchirai l’Hellespont ! J’entrerai à cheval dans le palais de la Corne d’Or ! Le royaume de Frankistan lui-même tremblera devant moi !

L’impact de sa voix ressemblait à la sonnerie dure d’une trompette ; sa puissance était presque assourdissante pour ceux qui l’entendaient. Ses yeux flamboyaient, ses doigts étaient crispés, telles des serres d’acier, sur l’échiquier.

— Tu es vieux, Zenghi, l’avertit l’Arabe circonspect. Tu as déjà accompli beaucoup de choses. N’existe-t-il donc pas de limites à tes ambitions ?

— Oh si, en vérité ! fit le Turc en éclatant de rire.



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